L'hôpital au Palais, ou hôpital temporaire 15

Le Palais réquisitionné en salle d'hôpital - © Musée du Service de Santé aux ArméesInitialement, l’Hôpital temporaire 15 était situé dans la cour de l’Orangerie du Palais et s’était replié sur Laval fin août. Il en est revenu le 22 octobre mais Hilarion Ligouzat émit rapidement un avis négatif sur ces locaux : « Il est évident que les salles réservées aux malades ne seraient pas habitables l’hiver, à cause de leur humidité, de leur pavage grossier, des difficultés de chauffage etc…Enfin cet hôpital ainsi aménagé n’était pas susceptible d’extension. »
Il fut donc décidé de le transférer dans le Palais, «  au rez-de-chaussée les couloirs de l’aile droite, de chaque côté de l’escalier d’Apollon, ainsi que dans le grand hall où s’amorce l’escalier d’honneur, au premier étage, la presque totalité des pièces qui ouvrent sur la cour d’honneur, la galerie des fêtes et quelques chambres lui faisant suite, la salle à manger qui donne accès sur la terrasse. » Le transfert commença le 27 octobre.

« Le mobilier de l’hôpital 15 fut apporté (des couchettes). Le médecin-chef de la Place recueillit alors par réquisition les lits des grands hôtels en nombre suffisant pour compléter à 300 le nombre des places disponibles. Et comme ce mobilier était luxueux, il se trouva en quelque manière assorti à son cadre ; ainsi fut réalisée une installation hospitalière presque riche en tous cas d’une esthétique indiscutable. On ne pouvait manquer d’admirer que les cuivres vernis des lits placés dans la salle des fêtes fussent précisément en harmonie avec les dorures des colonnades. Qu’ailleurs l’acajou fut mis près des tentures les plus sombres. Combien de fois le souvenir de la gravure représentant l’installation d’une ambulance dans le foyer de la Comédie française pendant le siège de Paris n’a-t-il été évoqué par les visiteurs de l’Hôpital 15 ? »

Salle des Gardes au Palais - © Musée du Service de Santé aux Armées« L’Hôpital ne devait pas désemplir, pendant quatre mois et fut à peu près tout entier occupé par les typhoïdiques ; il resta jusqu’au 10 décembre la formation la plus importante de Compiègne. »
L’Hôpital abrita également au rez-de chaussée un poste de triage dans un grand hall ouvrant de plein pied par de larges baies sur la cour d’honneur. « La partie gauche devint une salle d’examen et de pansements, une salle d’opérations, le matériel nécessaire à une intervention d’urgence, ou à des pansements à renouveler ou à des injections antitétaniques à faire y fut déposé ».

Les blessés graves et les malades sérieux qui semblaient évacuables se reposaient d’abord, étaient alimentés convenablement et soignés avant leur départ. « Pour eux la partie à droite de l’entrée fut aménagée en salle d’attente, non point en un local où l’on eut entassé les arrivants ou les évacuables, mais en une grande salle de malades éclairée, bien chauffée et que la réquisition meubla de 40 lits ».
« En temps normal le hall était orné de statues, quelques-unes, certes, étaient d’un aimable modèle !...il fallut cependant les cacher, les protéger contre les graffiti que le troupier croit indispensable à l’esthétique des marbres comme les tatouages à la blancheur de la peau. »